mardi 9 janvier 2018


Les chroniques de l’Après-Monde – Geoffrey Claustriaux

Article original à lire sur le blog Ombrebones

après monde
Les Chroniques de l’Après-Monde est un one-shot post-apocalyptique écrit par l’auteur belge Geoffrey Claustriaux et publié chez Terres de Brume en 2014. Il est disponible à la vente au prix de 18 euros.
Je connais l’auteur depuis un long moment maintenant, à force de nous croiser en salon. Humainement, c’est quelqu’un de très aimable, dynamique et drôle, c’est toujours un plaisir de discuter avec lui. Pourtant, je ne m’étais encore jamais vraiment arrêtée sur ses romans, parce que les thématiques ne m’inspiraient pas. Jusqu’à ce que ma complice L-A Braun m’offre les Chroniques de l’Après-Monde, en m’assurant que j’allais forcément adorer. De moi-même, je ne me serais pas tournée vers ce livre, parce que je n’aime pas du tout les romans post-apocalyptiques. Comme quoi, il faut parfois aller voir un peu plus loin, au-delà de la première impression ou d’un genre qu’on n’apprécie pas. Il y a des perles dissimulées où on s’y attend le moins !
Dans les Chroniques de l’Après-Monde, nous suivons Casca tout au long de sa vie. Le récit est présenté sous forme d’une confession, écrite par la jeune fille une fois plus âgée (et même vieille dame), ce qui nous offre une narration à la première personne et en flashback, depuis le début de sa vie dans un abri / colonie jusqu’à l’épidémie qui l’a ravagé et la nécessité, ensuite, d’en sortir pour survivre. En sa compagnie, à travers ses yeux, nous découvrons ce monde ravagé… Ou pas tant que ça, en fait. Casca a vécu à l’écart de toute civilisation, les systèmes de communication étant coupés, et si elle se croit d’abord seule humaine rescapée, elle se rend compte que c’est loin d’être le cas. Que des gens sont déjà sortis de leurs abris respectifs, qu’ils ont fondé des villes depuis parfois deux ou trois siècles, que les retombées atomiques ne sont plus que de l’histoire ancienne, l’air étant de nouveau respirable. Elle entreprend alors de voyager, de rencontrer ces peuplades, de découvrir son monde, et elle n’en sortira pas indemne.
Si, au début, nous suivons une jeune fille naïve, elle est rapidement obligée de grandir et est influencée par le monde où elle évolue. Ce roman me fait penser à un road-movie couplé à une ambiance plutôt Doomsday, dans une version plus subtile quoi que tout aussi dure. L’auteur, à travers sa plume travaillée et efficace, nous raconte un périple passionnant sans jamais tomber dans les excès de grandiloquence, les leçons de morale pénibles ou les situations improbables. Certes, il y a des moments où on se demande comment Casca peut s’en sortir, mais les solutions apportées ne sont jamais illogiques et l’héroïne admet elle-même qu’elle a eu beaucoup de chance.
Plus qu’un roman, les Chroniques de l’Après-Monde est une critique de notre société et de nos mœurs. Si tout s’est effondré, c’est à cause d’Internet, des abus de pouvoir, de l’hyper protectionnisme des états, des egos surdimensionnés de quelques puissants. Et si elle rencontre effectivement des peuples dégénérés (selon nos critères sociaux), des barbares, des cannibales, des bandits ou des arnaqueurs, elle croise aussi des personnes au grand cœur qui n’hésitent pas à l’aider. Rien n’est manichéen, dans ce périple. Et cela nous force à réfléchir sur notre actualité, sur nos actes, sur notre vision parfois trop pessimiste de l’être humain. Les messages forts sont présents tout au long du récit, à travers les anecdotes de l’héroïsme, sans toutefois nous écraser. Casca n’a rien d’une moralisatrice. Elle est terriblement humaine, dans chacun de ses actes, depuis sa naïveté à son cynisme, puis à sa reprise d’espoir.
Pour moi, ce roman est clairement une réussite sur tous les points. Il est addictif (je l’ai lu en deux jours seulement !), bien écrit, engagé sans être lourd, et nous permet de suivre une héroïne à laquelle il est facile de s’identifier. Comme je lis très peu de post-apocalyptique (jamais en fait) je ne sais pas s’il contient des clichés ou des maladresses liés au genre littéraire concerné. Ce dont je suis sûre, en revanche, c’est que nous devrions tous prendre la peine de lire les Chroniques de l’Après-Monde et de réfléchir aux thématiques qu’aborde le roman, qui me paraissent plus importantes que jamais dans notre monde actuel.
J’ai été ravie de découvrir Geoffrey Claustriaux, qui n’a pas volé son succès en salon! Je suis impatiente de lire d’autres romans de sa plume, en espérant qu’ils soient aussi bon. Je vous recommande très chaudement les Chroniques de l’Après-Monde, une lecture dont vous ne sortirez pas indemne.
Article original à lire sur le blog Ombrebones